Chaine humaine de Tihange à Aix la Chapelle le 25 juin 2017 : 50 000 personnes

27/06/2017 19:11

SDN BGP était représenté par Thierry J, un des membres de notre conseil d'administration ! Il était seul à y aller...

 

 

50.000 personnes ont formé une chaîne humaine pour la fermeture de Tihange 2 et Doel 3. La chaîne humaine reliait Tihange à Aix-la-Chapelle en passant par Maastricht, pour couvrir 90 km.

Par cette action, les participants originaires tant de Belgique que d’Allemagne et des Pays-Bas ont sommé les autorités belges de fermer les réacteurs nucléaires Tihange 2 et Doel 3, dont les cuves présentent des milliers de fissures.

 

Par cette action, les participants originaires tant de Belgique que d’Allemagne et des Pays-Bas ont sommé les autorités belges de fermer les réacteurs nucléaires Tihange 2 et Doel 3, dont les cuves présentent des milliers de fissures.

La chaîne humaine reliait Tihange à Aix-la-Chapelle en passant par Maastricht. Les organisateurs avaient calculé qu’il fallait environ 60.000 personnes pour couvrir les 90 km du parcours. Mais avec 50.000 personnes, ils estiment avoir largement atteint leur objectif.

CORRECTION-GERMANY-BELGIUM-NETHERLANDS-NUCLEAR-PROTEST

«  Presque toute la distance était couverte. La mobilisation est énorme  », commente la porte-parole Clémentine Squevin.

Parmi les nombreuses personnalités présentes, l’acteur belge Bouli Lanners, parrain de l’événement. Le député fédéral Jean-Marc Nollet et beaucoup d’autres membres d’Ecolo s’y sont également joints, ainsi que la députée wallonne CDH Clotilde Leal Lopez.

La chaîne était organisée conjointement par des initiatives citoyennes belges, néerlandaises et allemandes, dont Stop Tihange, Fin du Nucléaire et 113eweging.

Texte du parrain de l'acteur et rélisateur Bouli Lanners

De son côté, le parent de l’action, Bouli Lanners, a écrit un message.

«  Il y a eu pas mal de couilles ces derniers temps à Tihange et à Doel.

Et puis il y a eu une communication qu’on peut qualifier à tout le moins de nébuleuse de la part d’Electrabel et de notre ministre de l’énergie.

Que nous dit cette communication ?

En résumé donc  :

On a d’abord des fissures, qui deviennent des micros fissures, puis qui deviennent des fissures de 12 cm, puis qui redeviennent des microfissures, et puis finalement ce n’est pas grave.

Ensuite nous avons un terrain qui n’est pas assez stable pour supporter tout le poids de la centrale nucléaire. Puis finalement ça va quand même. Ce n’est pas le terrain, c’est les normes qui ont changé. Mais finalement, quand même, aux normes d’aujourd’hui ce n’est pas top. Ce serait mieux s’il n’y avait pas de tremblement de terre. Difficile à garantir à 100 % ça.

Et puis nous avons des matériaux qui sont fatigués par l’usure. Mais comme on prolonge la durée des centrales, les matériaux, ils ne seraient pas si fatigués que ça.

Et puis on arrête Doel 1, on redémarre Tihange 2. On redémarre Doel 1, on arrête Doel 3, on redémarre Tihange 2. On réarrête Doel 3. Mais faut être rassuré, c’est jamais pour des trucs graves qu’on arrête. C’est toujours à cause d’un truc qui s’est cassé juste à côté de là où c’est vraiment dangereux. Du côté des chiottes peut-être, ou de la cafétéria.

Et puis rappelez-vous, pendant tout un moment, on a eu des drones mystérieux qui survolaient les centrales, tout ça au même moment où Doel 4 était saboté de l’intérieur. Et puis on en a plus jamais entendu parler.

Bref, une super-communication, et hyper rassurante.

Tout ça incite évidemment à remettre sur la table « le débat sur le nucléaire ».

Quand j’avais quinze ans, le débat portait sur « pour ou contre le nucléaire ».

Mais les temps ont changé, depuis, on a eu Tchernobyl, Fukushima. On sait que tout le monde a menti aux habitants au Japon, en Bielorussie.

Depuis, on sait que le nucléaire n’est pas l’énergie la moins coûteuse si l’on tient compte du coût du stockage des déchets. La prise en charge des soins de santé des centaines de milliers de personnes contaminées, ou déplacées.

Depuis on sait qu’il y a des faux frais. Par exemple le sarcophage de Tchernobyl, qui a coûté un milliard d’euros. Ou encore, les cinq premières années, 22 % du budget national Biélorusse qui ont été nécessaires rien que pour stabiliser la situation.

Depuis, on sait aussi qu’en cas de problème, on ne peut pas décontaminer une région, qu’il n’y a pas d’antidote, pas de désinfectant.

Depuis on sait qu’il va falloir gérer ces déchets pendant des milliers d’années. Nous, d’abord, et puis, toutes les générations qui vont suivre. Pendant des siècles et des siècles. Les Sumériens, les

Babyloniens, les Grecs nous ont légué l’écriture, le calcul, les cités, la poésie, la philosophie. Nous, on va léguer aux civilisations futures des cubes de béton radioactif qu’ils vont devoir entretenir pendant des siècles. La classe.

Depuis, on sait aussi que les radiations, les nuages radioactifs, ne respectent pas les frontières politiques, mais voyagent au gré des pluies et des vents et s’installent pour des milliers d’années là où elles ont envie de s’installer. Sans avoir leurs papiers en règles et sans l’accord de Théo Franken.

Alors aujourd’hui le débat s’est déplacé. Pour moi, le débat ne porte pas sur « pour ou contre », mais sur « quand est ce qu’on ferme ? ». Est-ce qu’on va encore reprolonger la durée des centrales qui avaient été prévues pour maximum trente ans, il y a de cela un peu plus de quarante ans.

Est-ce qu’on va encore, comme on l’a déjà fait, revenir sur des accords qui avaient été signés.

Est-ce qu’on va refaire encore une fois comme Donald Trump à fait récemment avec les accords de Paris ? Ce qui a tellement indigné Charles Michel qui pourtant lui-même avait renié les accords sur la sortie du nucléaire.

Aujourd’hui le débat porte aussi sur « Et qu’est ce qu’on fait une fois que c’est fermé ? »

Une fois qu’on a fait cric crac et qu’on a jeté la clé de la centrale. Qu’est ce que ça devient ?

Qui démantèle ? En France, deux centrales nucléaires sont en phase de démantèlement depuis vingt-cinq ans et ce n’est toujours pas fini.

Qu’est ce qu’on fait des déchets ? Le plutonium met des centaines de milliers d’années pour ne plus être mortel. Qui va payer ? Combien ça va coûter ?

S’il y a un problème, un vrai. Ce qui peu arriver. Nos centrales n’ont visiblement pas l’air d’être en super forme. Comment on évacue les millions de personnes, où on va les mettre ? Qui va pouvoir rentrer chez lui ou pas ? Qu’est ce qui est prévu ? Ben, rien, je crois.

Rien n’est prévu.

Et moi j’ai le sentiment que je me suis un peu endormi sur la question du nucléaire. Je ne me suis plus trop inquiété de tout ça. Olivier Deleuze signait les accords sur la sortie du nucléaire. Ailleurs ça se faisait aussi. Je crois. Les mentalités semblaient changer. Tout ça semblait être derrière nous. Under control.

Et bien non, il n’en est rien.

Et puis je me rappelle aussi qu’il y a trente et un ans, le nuage de Tchernobyl est passé au-dessus de nos têtes. Ici à Liège. Je me rappelle que ma femme a eu deux cancers déjà, que ma mère en a eu un, ma sœur aussi en a eu deux. Et je ne parle pas de mes amis.

Alors moi, en tant que riverain de Tihange, je me sens un peu responsable de ce qui s’y passe.

Et je me dis qu’il est temps que je m’implique à nouveau.

Maintenant que je me réveille  ».

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