Belleville , ses enceintes de confinement, un peu d'histoire et questionnements sur le présent
Voici le CP envoyé à la presse , hier, en réaction à l'actualité :
Le carénage des enceintes de confinement est devenu incontournable pendant le ministère de Dominique Voynet qui a exigé qu'EDF remédie au taux de fuite qui était bien supérieur aux normes en vigueur pendant les 10 premières années de fonctionnement.
La solution adoptée par EDF a été d'enduire les parois fuyardes des enceintes d’une bonne couche de résine EPOXY.
Depuis,le mot carénage est devenu un terme fourre-tout qui englobe tous les travaux à faire lors de la préparation aux visites décennales obligatoires que réalise l’Autorité de Sûreté Nucléaire.
Cette résine époxy, au bout de 10ans de loyaux services (et peut-être même avant ?), n’est plus efficace , d’où le carénage .
Cette année, Covid et épisode de canicule compliquent la chose et nous nous interrogeons sur les difficultés rencontrées par le personnel requis pour cette tâche, comme la survenue, il y a quelques jours, d’un début d’incendie dans cette zone. incident récurrent dans d’autres zones du site nucléaire.
https://www.sdn-berry-giennois-puisaye.fr/suivi-belleville-dampierre/belleville-sur-loire/
Par ailleurs, il semblerait que cette résine, non inflammable serait malgré tout combustible au-delà de 40°C ! Lors de l’épisode caniculaire qui s’annonce, et lors du fonctionnement habituel, les parois internes et externes des deux enceintes de confinement des deux réacteurs ne sont-elles jamais soumises à une température supérieure ? Si c’était le cas, l’efficacité des enceintes serait-elle garantie et le taux de fuite autorisé respecté ?
Il serait intéressant que la Commission Locale d’I nformation (CLI) de Belleville pose à nouveau cette question à EDF sur la résistance des résines à la température.
Notes :
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5% par jour, c'est la tolérance de fuite de l'air chargé de gaz radioactifs à travers l'enceinte interne. Le tartinage d'époxy se réalise en 7 couches superposées, pour rétablir l'étanchéité dans la tolérance.
40 °C est la température maxi donnée par le constructeur pour garantir son produit. La question a été posée à l'IRSN qui a finalement retenu 50 °C comme température maxi supportable par les résines. -
30/04/1999 : réacteur n° 2 - Importants travaux d'étanchéité - Les enceintes de la centrale de Belleville-sur-Loire sont prévues pour absorber des rejets gazeux de l'ordre de 5 % par jour. Injecter de la résine époxy liquide à l'intérieur du béton à l'aide de drains, qui avaient été prévus dès l'origine.
200 tonnes d'échafaudages, décapage au sable du béton, pose au pinceau de plusieurs couches de revêtement sur une surface de 1 600 m². 40 millions de francs. https://www.lemoniteur.fr/article/belleville-sur-loire-importants-travaux-d-etancheite-pour-la-centrale-nucleaire.1559004 -
Et dans le livret St Laurent des eaux :
Pour palier les nombreuses fissures de nos centrales vieillissantes, les enceintes de confinement des réacteurs concernés sont enduits de résine époxy. L’efficacité de ces résines est limitée à 40 °C. En cas d’accident, la résine ne peut résister plus de 48 h avant que les gaz radioactifs ne s’échappent.
Au delà, la résine risque de se dégrader et de ne plus remplir sa fonction d'étanchéité. Ce serait le cas avec un accident majeur à durée longue. SEPTEN (le bureau d'étude d'EDF) estime à 48h la résistance de la résine à des températures élevées, (ref. "La farce cachée du nucléaire"). -
Dans le livre "la farce cachée du nucléaire" paru en 2017 : https://www.sortirdunucleaire.org/La-farce-cachee-du-nucleaire-en-bref
• Fissures à Belleville et fonctionnement hors la loi.
p 67 […] « La qualité et la propreté des granulats sont également très importantes. Un excès d'impureté (terre) ou d'éléments fins favorise le retrait […] C’est ce qui s’est semble-t-il passé lors de la construction des enceintes des deux tranches de Belleville-sur-Loire. Si l’on en croit les experts, « le béton de Belleville est peu compact » à cause « de la composition du béton » : « la raison invoquée est un fuseau granulaire des sables non conforme à celui qui était imposé». Le fuseau granulaire c’est le rapport gravier/sable. Par exemple, si du sable trop fin est utilisé, cela va provoquer l’apparition de fissures. Mais continuons avec l’homme de l’art Monsieur Jean-Louis Costaz (aujourd’hui en retraite d’EDF) : « il s’agissait de sables de Loire. Quelques heures après le coulage du béton, au moment du début de la prise, il s’est produit un tassement dû au béton peu compact ou à la présence d’air » avec apparition de « fissures de quelques millimètres ». « Ce phénomène constitue peut-être une des raisons du mauvais taux de fuite de Belleville. Nous avons constaté que les aciers transversaux étaient mal enrobés. Je n’arrive pas à comprendre qu’il ait fallu attendre la fin de Belleville 1 pour trouver une solution palliative. Au début, nous pensions à un phénomène de retrait dû à une dessiccation séchage trop importante. Nous avons alors réalisé des reprises [de bétonnage] qui n’ont jamais apporté d’amélioration ». Pour se consoler, les experts concluent : « le béton de Belleville 2 est un peu meilleur» ou moins mauvais.
Qualité de béton « non conforme », « fissures de quelques millimètres » appelées lézardes ou crevasses dans le jargon des génie-civilistes (fissures supérieures à 2 mm d’épaisseur), « mauvais taux de fuite » : c’est le constat que nous pouvons faire sur les enceintes de confinement de la centrale de Belleville. Nous verrons plus loin que la tranche 1 a été autorisée à fonctionner […] »