A EDF, le courant ne passe plus ! par D Deprez

03/09/2018 21:51

Une entreprise peut-elle survivre à une interruption d’activité de trois grandes années ? Oui ! C’est possible ! Chez EDF, ça ne pose pas de problèmes.

Mai 2015, le réacteur N° 2 de Paluel est mis à l’arrêt pour maintenance et visite décennale. Dans le cadre de ce chantier, en mars 2016 on remplace un générateur de vapeur. Au cours de l’opération de manutention, l’appareil usagé chute lourdement sur le réacteur et la piscine annexe. Malgré les mises en garde de certains techniciens, on n’a pas jugé bon de remplacer l’un des palonniers du pont transbordeur qui donnait des signes de faiblesse et celui-ci a cédé. Peut-on imaginer les dégâts occasionnés par cette masse de 465 tonnes sur les éléments vitaux dans le bâtiment réacteur.

Depuis, on répare, on rustine, on ressoude, on vérifie. L’Autorité de sûreté nucléaire exige des garanties avant tout raccordement au réseau. Début août 2018 on compte plus d’une vingtaine de redémarrages aussitôt interrompus à cause d’un problème. Si nous faisons le compte, depuis mai 2015, cela fait bien trois bonnes années que cette tranche n’a rien produit.

Quel manque à gagner ? Combien cela coûte-t-il ? Quelle est la réalité des dégâts ? Quelles sont les difficultés rencontrées ? Nous n’avons aucune réponse, c’est l’omerta.

L’État étant à plus de 80 % actionnaire d’EDF, nous sommes, comme contribuables en droit de connaître la réalité de ce fiasco. Le 26 janvier 2017, Ségolène Royal signe un arrêté prolongeant de deux ans les travaux de remise en état.

Par ailleurs un bilan non exhaustif de la situation du parc électronucléaire français a été dressé en ce début 2018 par Fraunhofer, un institut énergétique allemand. Sur 28 réacteurs totalisant une puissance installée de 28710 MW (milliers de KW) la puissance réellement disponible n’a été que de 4480 MW, soit plus de 24000 MW perdus, l’équivalent de près de 19 réacteurs comme ceux de Belleville, à l’arrêt pour maintenance ou défaillance.

Les sommes injectées à fonds perdus seraient plus utiles au développement des énergies renouvelables. Mais EDF ne veut pas renoncer à sa réputation d’excellence en laquelle plus personne ne croit.

Daniel DEPREZ

le 8 août 2018 pour l’Antidote n° 18